![La cécité botanique](http://jardinerieakou.com/cdn/shop/articles/plant_blindness_femme_-_jardinerie_akou.webp?v=1734180512&width=3000)
La cécité botanique : un phénomène aux conséquences sous-estimées
La cécité botanique, ou indifférence aux plantes, est une forme de biais cognitif, qui désigne la tendance humaine à négliger, ignorer ou sous-estimer l'importance des plantes dans le monde.
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Gravure de Charles Bovelle représentant la Scala naturae, l’échelle de la nature ou « chaîne des êtres », une vision très hiérarchisée de la nature. Les plantes s’y trouvent à l’avant-dernière marche, juste au-dessus des minéraux.
Ce phénomène reflète un biais culturel et éducatif qui met davantage en valeur la faune tout en oubliant que les plantes sont la base des écosystèmes. Les gens accordent souvent la priorité à la vie animale, en particulier aux mammifères, tout en négligeant les plantes, qui sont souvent considérées comme statiques et sans intérêt. Ce manque d’attention et d’appréciation des plantes peut avoir des conséquences négatives sur les efforts de conservation, ainsi que sur la compréhension du monde naturel.
Cependant, cette négligence a des impacts mesurables et bien documentés, que la recherche scientifique et les initiatives de conservation permettent de mieux comprendre et appréhender.
Faisons d'abord un petit jeu: que voyez vous en premier dans les images suivantes?
Il y a de bonnes chances pour que vous ayez vu en premier les animaux ou personnes sur l'image et n'ayez retenu qu'eux. C'est exactement ça la cécité botanique.
Bien que tout le monde ne soit pas d'accord sur la cause de ce phénomène, il est sûr que la part des facteurs psychologiques et culturel est décisive.
Dans nos société contemporaines, il y a pourtant une urgence à pallier à ce biais cognitif et rendre leur place centrale aux plantes.
L’importance des plantes démontrée par des études scientifiques
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Le rôle des plantes dans le climat et la biodiversité
Une étude menée par Crowther et al. (2015) publiée dans Nature a révélé que les forêts, en tant que puits de carbone, absorbent environ 2,4 milliards de tonnes de CO₂ chaque année, ralentissant ainsi le réchauffement climatique. La perte de ces écosystèmes entraîne une augmentation directe des gaz à effet de serre dans l’atmosphère.
Par ailleurs, selon une enquête de l’ONU sur la biodiversité mondiale (2019), environ 40 % des plantes terrestres sont menacées d’extinction, ce qui représente une menace pour les écosystèmes et pour des millions d’espèces animales qui en dépendent directement.
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La négligence sociétale mesurée
Une étude sociologique menée par Balding et Williams (2020) dans People and Nature a examiné le phénomène appelé “plant blindness” (cécité aux plantes). Les chercheurs ont constaté que les gens sont beaucoup moins susceptibles de remarquer ou de nommer des plantes que des animaux, même dans des environnements où les plantes dominent. Cette étude a également révélé que les jeunes générations, ayant moins de contacts avec la nature, souffrent davantage de cette cécité cognitive. -
Plantes médicinales et alimentation oubliée
Une étude de FAO (2017) montre qu’au moins 30 000 espèces végétales sont comestibles, mais seulement 150 à 200 espèces sont couramment cultivées pour l’alimentation. Ce rétrécissement de la diversité alimentaire met en lumière le manque de valorisation des plantes et réduit la résilience des systèmes alimentaires face aux crises climatiques et économiques.
Initiatives concrètes pour combattre l’invisibilité des plantes
Pour vaincre la cécité des plantes, il faut un effort concerté de la société, y compris des individus, des éducateurs et des décideurs politiques. Voici quelques moyens de lutte:
1. Réalisation de projets éducatifs innovants
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On trouve encore trop de parents refusant le contact des enfants avec les plantes par peur qu'ils se fassent mal. C'est pourtant une expérience fondamentale pour construire leur rapport à ces dernières.
Augmenter l’éducation axée sur les plantes : les écoles et les universités devraient donner la priorité à une éducation axée sur les plantes en incluant la botanique et l’écologie végétale dans leurs programmes. Cette éducation peut aider les étudiants à comprendre l’importance des plantes dans l’écosystème et dans la société humaine.
- Le projet “Plant Love Stories” aux États-Unis : Cette initiative encourage les gens à partager leurs récits personnels autour des plantes pour renforcer le lien émotionnel avec la flore. Cette approche narrative a permis d’accroître l’intérêt pour la botanique et les pratiques de conservation locales.
- Cours de botanique participative au Mexique : Dans certaines régions rurales, des écoles intègrent des ateliers pratiques où les enfants apprennent à identifier les plantes médicinales et leurs usages, ce qui favorise la transmission des savoirs traditionnels. Ces programmes ont permis une augmentation de 20 % de l'intérêt des jeunes pour des carrières liées à l’agriculture durable ou à l’écologie.
2. Campagnes de sensibilisation réussies
Sensibiliser : il est nécessaire de sensibiliser le public à l’importance des plantes et à leur rôle dans l’écosystème. Cela peut se faire par le biais de campagnes médiatiques, de documentaires et de campagnes sur les réseaux sociaux.
- La campagne “#YearOfPlantHealth” de la FAO (2020) : Cette initiative mondiale a mis en avant le rôle des plantes pour la santé de la planète. Elle a attiré des millions d’utilisateurs sur les réseaux sociaux, sensibilisant aux risques des espèces invasives et au rôle des plantes dans la sécurité alimentaire.
- Les “Tree Cities of the World” : Une collaboration entre Arbor Day Foundation et la FAO a permis à plus de 150 villes dans 50 pays de s’engager à planter et protéger des arbres urbains, avec des bénéfices documentés sur la qualité de l’air, la régulation des températures et la santé publique.
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3. Jardinage communautaire et science citoyenne
Promouvoir la science citoyenne : les projets de science citoyenne axés sur l'écologie et la conservation des plantes peuvent encourager les gens à s'impliquer davantage dans les questions liées aux plantes et les aider à mieux comprendre l'importance des plantes.
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Les jardins communautaires offrent en plus d'une activité vertueuse la possibilité de réduire considérablement les factures des foyer au regard de la nourriture.
- Le mouvement des “Community Gardens” : Aux États-Unis, des jardins communautaires ont permis d’augmenter la consommation de légumes frais et de réduire le gaspillage alimentaire. Selon une étude de l’Université du Colorado (2019), les participants ont également montré une meilleure compréhension des cycles de vie des plantes et une plus grande appréciation de la nature.
- Projet “Observatoire des saisons” en France : Cette initiative de science citoyenne invite les habitants à suivre les cycles phénologiques des plantes (floraison, fructification). En plus d’apporter des données précieuses sur l’impact du changement climatique, ce projet a accru la sensibilisation des participants à la fragilité des écosystèmes.
4. Conservation axée sur les plantes
Soutenir les efforts de conservation des plantes : les gouvernements et les organisations devraient donner la priorité à la conservation des espèces végétales et de leurs habitats. Cela peut se faire en soutenant la recherche, en créant des zones protégées et en promouvant l'utilisation durable des ressources végétales.
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- Kew Gardens et le Millennium Seed Bank (Royaume-Uni) : Avec plus de 2,4 milliards de graines collectées, ce projet vise à préserver les espèces végétales menacées dans le monde entier. Les résultats sont tangibles : des espèces comme le manguier sauvage de Madagascar, considérées comme disparues à l’état sauvage, sont désormais protégées et étudiées pour leur potentiel alimentaire ou médical.
- Reboisement en Éthiopie : Le programme de reforestation “Green Legacy” a permis de planter plus de 4 milliards d’arbres en 2019, améliorant les conditions des sols, prévenant l’érosion et augmentant la production agricole dans des zones dégradées.
5. Encourager les activités accès sur les plantes
Les activités axées sur les plantes sont un moyen efficace de renforcer l’appréciation des plantes tout en engageant le public dans leur protection. Le jardinage urbain, par exemple, est en plein essor grâce à des initiatives comme les Jardins Partagés de Paris. Ces espaces, où les résidents cultivent collectivement des légumes, des fruits et des herbes, ne favorisent pas seulement la production alimentaire locale, mais servent aussi de plateformes éducatives. Une étude menée par le CNRS a révélé que ces jardins favorisent une plus grande biodiversité en milieu urbain, tout en améliorant la cohésion sociale et la sensibilisation des participants à l’écologie.
Les promenades guidées en nature sont également de plus en plus populaires. À Fontainebleau, par exemple, des guides forestiers proposent des balades éducatives où les participants apprennent à identifier les arbres, les mousses et les lichens tout en comprenant leur rôle dans les écosystèmes locaux. En Allemagne, le concept de “bains de forêt” ou shinrin-yoku, initialement inspiré par le Japon, intègre la découverte sensorielle de la nature et les bienfaits des plantes sur le bien-être. Une étude de l’Université de Chiba au Japon a montré que ces activités réduisent le stress et diminuent le taux de cortisol des participants.
Les jardins botaniques, quant à eux, offrent une immersion dans la biodiversité mondiale. Par exemple, les Kew Gardens au Royaume-Uni abritent plus de 50 000 espèces végétales et accueillent régulièrement des expositions thématiques, comme celle dédiée aux plantes médicinales, qui a attiré plus de 250 000 visiteurs en 2022. En France, le Jardin des Plantes de Paris propose des ateliers pour enfants et adultes, où ils découvrent des plantes rares, apprennent à faire des herbiers ou explorent des collections de plantes fossiles.
Ces activités concrètes ont déjà prouvé leur efficacité. Par exemple, une enquête réalisée auprès des participants aux ateliers de jardinage des Restos du Cœur a montré que 78 % d’entre eux avaient développé un intérêt accru pour l’écologie et la conservation après y avoir participé. En encourageant ces expériences directes avec le monde végétal, il devient possible de créer un lien durable entre les individus et les plantes, tout en renforçant leur rôle dans la société.
Les résultats mesurés : des bénéfices économiques, environnementaux et éducatifs
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Impact sur la biodiversité et le climat
Les projets de reboisement et de conservation des plantes ont montré des effets mesurables sur la biodiversité. Par exemple, une étude au Brésil (2021) a démontré que la restauration de 20 % de la couverture forestière dans les zones critiques pouvait réduire la perte d’espèces animales et végétales de 50 % d’ici 2050. -
Amélioration de la santé mentale
Des études, comme celle de South et al. (2018) dans Environmental Research, ont prouvé que l’exposition régulière à la végétation urbaine, par exemple dans les jardins ou parcs, diminue le stress de 25 % et améliore la productivité. Ces données soutiennent la nécessité d’intégrer plus de verdure dans les environnements urbains. -
Résilience des communautés rurales
Au Sénégal, des initiatives pour protéger les mangroves ont permis non seulement d'améliorer la biodiversité locale, mais aussi de sécuriser les moyens de subsistance des pêcheurs, prouvant que la conservation des plantes peut être bénéfique à la fois pour les humains et pour la nature.
Conclusion : Redonner de la visibilité aux plantes
Les exemples concrets et les études scientifiques démontrent que combattre la cécité des plantes est une priorité urgente. Des initiatives éducatives aux campagnes de conservation, en passant par la participation citoyenne, ces actions peuvent avoir un impact positif considérable sur notre compréhension du monde naturel et sur notre capacité à répondre aux crises écologiques.
Pour surmonter la cécité des plantes, il faut repenser notre culture, nos politiques et nos modes de vie. Chaque arbre planté, chaque plante reconnue dans un jardin ou une forêt, est une étape vers une coexistence plus harmonieuse avec le monde végétal, indispensable à la survie de la planète et de l’humanité.
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