Voyage au cœur de la céramique japonaise, des traditions ancestrales aux influences street contemporaines
L’histoire de la céramique japonaise est profondément liée à celle de l’art du bonsaï et plus généralement à la culture des plantes, un mariage parfait entre nature et savoir-faire artisanal. De la période Jōmon jusqu'à nos jours, la poterie japonaise a évolué à travers des siècles de traditions, d’innovations et d’influences étrangères pour atteindre un niveau d’excellence unique au monde.
1 - Les origines anciennes de la poterie japonaise et les premières influences chinoises
L’histoire de la céramique japonaise commence il y a plus de 10 000 ans, durant la période Jōmon (10 500 - 300 avant J.-C.), lorsque des poteries non émaillées, connues sous le nom de Jōmon doki, sont produites pour la première fois. Ces premières pièces étaient conçues à la main, avec des décorations distinctes obtenues par impression de cordes et de tressages, une esthétique rudimentaire qui marquera l’identité de la poterie japonaise.
Avec l’introduction de l’agriculture durant la période Yayoi (300 avant J.-C. - 300 après J.-C.), de nouveaux types de faïence, les Yayoi doki, émergent, soulignant une évolution des techniques et des usages de la poterie. L’influence continentale commence à se faire sentir, et le Japon commence à adopter des pratiques céramiques issues de Chine et de Corée, introduisant la cuisson à plus haute température et des techniques de moulage avancées.
Mais c’est au cours de la période Nara (710-794) que la poterie japonaise connaît une véritable révolution. Les techniques de glaçure tricolore (Nara-sansai) sont perfectionnées, donnant naissance à des pièces ornementales aux teintes vertes, jaunes et brunes. Ces créations raffinées préfigurent l’esthétique de la céramique de bonsaï, où le souci du détail et l’harmonie des couleurs sont primordiaux.
2 - La période Heian à Muromachi : l’affirmation de l’art de la poterie et l’apparition des pots à bonsaï
Pendant la période Heian (794-1185), les potiers commencent à explorer de nouvelles formes et techniques de cuisson. La poterie Sue (Sueki), caractérisée par un grès dur cuit à haute température, devient prédominante. Utilisant des fours à bois capables d’atteindre des températures de 1 200°C, les potiers japonais obtiennent des surfaces vitrifiées qui confèrent une résistance et une beauté unique aux pièces produites.
L’art du bonsaï fait son apparition au Japon au même moment, influencé par la tradition chinoise du pun-sai. Les moines bouddhistes jouent un rôle crucial dans l’introduction de ces arbres miniatures, alignés dans de simples pots en terre cuite. Le lien entre poterie et bonsaï se renforce alors, chaque pot étant soigneusement choisi pour compléter et sublimer l’arbre qu’il contient.
C’est véritablement durant les périodes Kamakura (1185-1336) et Muromachi (1336-1573) que l’art du bonsaï et celui de la céramique convergent. Les potiers commencent à expérimenter avec les émaux de fer, produisant des pièces d’un brun profond, parfaites pour les pots à bonsaï destinés à accueillir les arbres les plus précieux. À cette époque, le concept de Wabi-Sabi, l’esthétique de la beauté imparfaite, se développe, influençant profondément l’apparence des poteries à bonsaï.
3 - La période Azuchi-Momoyama à Edo : la perfection de la céramique pour bonsaï
L’ère Azuchi-Momoyama (1573-1615) marque un tournant décisif dans l’histoire de la poterie japonaise. La cérémonie du thé, très prisée par les samouraïs et les nobles, met en avant des céramiques d’une simplicité raffinée. Les pots à bonsaï suivent cette tendance, adoptant des formes plus épurées et une palette de couleurs naturelles.
Puis, à l’époque Edo (1615-1868), la découverte de la pierre de porcelaine à Arita permet aux potiers japonais de maîtriser l’art de la porcelaine fine. Les pots à bonsaï deviennent de véritables œuvres d’art, ornés de motifs délicats et de glaçures aux couleurs subtiles. Les sometsuke (porcelaine bleu et blanc) et akae (porcelaine à cinq couleurs) sont particulièrement prisés, chaque daimyo cherchant à se doter des plus belles pièces pour sa collection de bonsaï.
4 - L’ère moderne et l’émergence de nouvelles tendances dans la poterie de bonsaï
Avec l’ouverture du Japon au commerce international durant la période Meiji (1868-1912), les potiers adoptent de nouvelles technologies, comme les fours à charbon et les moules en plâtre. Cette modernisation conduit à une production plus rapide et uniforme, tout en permettant une exploration stylistique accrue.
C’est aussi à cette période que les petits bonsaï, ou shohin bonsaï, gagnent en popularité. Des potiers comme Matsudaira Yorinaga et Sugimoto Sashichi expérimentent avec de nouveaux designs de pots, répondant à la demande croissante pour des pièces adaptées à ces miniatures. Les petits pots aux formes arrondies et aux émaux colorés deviennent un phénomène, influençant profondément le marché.
5 - Les céramistes contemporains et l’évolution de l’art du pot à bonsaï
Aujourd’hui, la céramique de bonsaï est à un niveau inégalé, avec des artisans japonais repoussant sans cesse les limites de cet art millénaire. Chaque céramiste développe son propre style, jouant avec les formes, les textures et les techniques pour créer des pots qui transcendent leur fonction utilitaire.
De plus, les potiers contemporains explorent de nouvelles applications pour leurs créations. Les pots à bonsaï ne se limitent plus aux arbres miniatures : on les voit aujourd’hui accueillir des plantes d’intérieur rares, des compositions de plantes grasses, et même servir d’œuvres d’art indépendantes.
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Dépassant largement l’univers classique japonais, ces céramistes contemporains travaillent à faire évoluer cet art ancestral. Mêlant reproduction de biotope, design contemporain et tradition, le pot, associé à la bonne plante, devient une œuvre d’art en soi. Voici quelques un de ces céramistes:
botanize
kt botanical
Left Botanical
On observe même certaines marques bien connues de cultures contemporaines s'approprier et jouer avec les codes traditionnels japonais, comme ici avec la marque Neighborhood et sa sous-marque SRL. Ou comme après avec la marque de vêtement Champion.
Plantae Plantstore
Panji Wisesa
Pantsofgods
Tokaionbenny
Que vous soyez collectionneur averti, amateur de bonsaï ou jeune jardinier, il est essentiel de choisir un pot qui mette en valeur à la fois la plante et l’esthétique de votre espace. Il serait dommage de se contenter d’un cache pot en plastique aux couleur ternes pour accueillir une plante qui vous suivra plusieurs dizaines d’années!
Ces exemples sont là pour illustrer certaines des possibilités qu'offrent ces céramiques. À vous maintenant de jouer avec ces codes culturels et de pousser encore un peu plus loin la pratique du jardinage.